Le 30 juillet 2018, les Comoriens ont approuvé par un référendum, qui a été boycotté par l'opposition, la réforme constitutionnelle qui renforce les pouvoirs du président, l'autorisant notamment à briguer un deuxième mandat consécutif, ce qui permettra la suppression de l'autonomie des îles et fait de l'Islam la « religion de l'État ».
Les Comores, une république fédérale de l'Afrique Australe située dans le nord du canal du Mozambique, souffre une grave crise politique depuis 1997. Suite à une longue période de crise et de guerre, la dernière constitution a été mise en place en 2001. Cette constitution a établi une décentralisation avec le partage du pouvoir entre les îles autonomes des Comores. De même, elle a introduit une autre innovation dans le fonctionnement de l’État : une présidence tournante entre les îles. Ces principes ont assuré un climat de paix pendant les derniers 15 ans.
En tant que candidat à la présidence, Monsieur Azali Assoumani a loué les mérites de la présidence tournante et l’autonomie des îles, dont il se targuait d’être le parrain. Cependant, élu en 2016 pour un mandat de 5 ans, il a changé d’avis, imputant à la présidence tournante tous les maux du pays, tels que le retard accusé dans son développement. De même, il défend une centralisation de la gestion du pays, soit l’inverse de l’orientation engagée par l’accord-cadre de 2001 et la Constitution, sans chercher à engager un quelconque dialogue avec les acteurs politiques et sociaux du pays.
La révision constitutionnelle qu’il a proposée n'a pas été accueillie à bras ouverts. L’opposition a dit que cela n'était pas légal, car les organes de protection des acquis ont été délibérément gelés. A la tête de l'opposition à ce projet liquidateur de l'autonomie des îles, il y a eu le vice-président, le gouverneur de Ngazidja, le gouverneur de Ndzuwani et les responsables de partis politiques qui ont été membres des gouvernements passés. Le gouvernement central a répondu par une série d'arrestations de toute personne qui se prononce contre, avec l'emprisonnement et coups sur les manifestants, blocage des fonds de fonctionnement des gouvernorats, dépouillement des responsabilités du vice-président, etc.
Le gouverneur de l’île autonome de Ndzuwani, Dr Abdou Salami, membre de l’ORU Fogar, a déclaré que la réforme était contraire à la Constitution de 2001. « Je considère que l’initiative du président Azali porte atteinte aux acquis de la réconciliation nationale puisqu’elle prend à contre-pieds la décentralisation de la gestion du pays amorcée en 2001 ; ce que, en tant que gouverneur d’une région autonome qui aspire à une gestion participative du pays, je ne peux cautionner ».
La reforme constitutionnelle a été officiellement approuvée au referendum pour une majorité de plus de 92% : 172.240, oui et 13.338, non. L'opposition n'a pas accepté le résultat. « Quels résultats ! Un scrutin truqué, des chiffres préfabriqués, voilà la consultation populaire du président Azali », s’est exclamé le secrétaire général du parti Juwa, Ahmed el-Barwane. Quelques minutes plus tard, il a été arrêté par des gendarmes alors qu'il circulait à Moroni, a affirmé son entourage.