Participation politique et violence: " La lutte pour l'égalité"

GLORIA FALCONI ZAPATA

Vice-gouverneur d'Ayacucho

Présidente du réseau des femmes vice-gouverneurs du Pérou - REMUVIPE

Au Pérou, les femmes ont toujours été confrontées à des obstacles structurels qui les ont empêchées d'exercer leur droit de vote et de participer à la vie politique du pays. Ces obstacles ont été générés par des lois, des pratiques, des attitudes et des stéréotypes sexistes discriminatoires, en plus des faibles niveaux d'éducation et de la dépendance économique.

Dans notre pays, la reconnaissance du droit des femmes à la participation politique, ainsi que d'autres droits fondamentaux, a été un processus lent et progressif au niveau normatif. Ainsi, en 1955, grâce à l'effort et à la lutte de nombreuses femmes, la loi a permis aux femmes majeures et alphabétisées d'avoir le droit d'élire et d'être élues. Ainsi, lors des élections de 1956, pour la première fois, les femmes péruviennes ont participé en tant que membres titulaires et suppléants des bureaux de vote et en tant que candidates, et ont exercé leur droit de vote. 

Au cours des trente dernières années, l'État péruvien, s'appuyant sur le cadre juridique international, a adopté une série de mesures visant à offrir aux femmes de plus grandes possibilités de participation politique. L'une d'entre elles a été l'incorporation du mécanisme de quotas de genre en 1997. Celui-ci a établi une représentation de 25% de femmes sur les listes parlementaires et municipales. Ce pourcentage de quota a été porté à 30 % en 2000 pour les listes du Congrès et a été étendu en 2002 pour les postes élus municipaux et régionaux.

Ces efforts se sont reflétés dans les élections régionales et municipales de 2018 : au niveau national, 314 candidats ont été enregistrés pour le poste de gouverneur régional, -92% (290) hommes et 8% (24) femmes- ; en outre, 300 candidats ont été enregistrés pour le poste de vice-gouverneur régional -73% (219) hommes et 27% (81) femmes. 

Le résultat de ce processus électoral montre le taux de femmes élues au niveau national : aucune femme candidate n'a été élue au poste de gouverneur et seulement 5 femmes ont été élues au poste de vice-gouverneur.  La mise en place de quotas de genre dans les processus électoraux a constitué une avancée significative dans la promotion d'une plus grande participation des femmes à la vie politique. Toutefois, les résultats indiquent que les organisations politiques ont tendance à placer les femmes en bas de la liste électorale parce qu'elles répondent à l'exigence du quota de genre, ce qui limite leurs chances d'être élues. 

Face à cette situation, diverses plateformes de la société civile, telles que le Réseau national des femmes autorités, le Réseau des femmes vice-gouverneurs du Pérou, la Table ronde pour la lutte contre la pauvreté et d'autres organisations, ont demandé la modification de la loi électorale afin de garantir la participation des femmes de manière équitable. Ainsi, en 2020, la loi sur la parité et l'alternance a été approuvée, cela a impliqué que les listes de candidats à la présidence, au Congrès, au Parlement andin, au Parlement régional et municipal, comportent 50% de femmes et 50% d'hommes, placés alternativement.

En conséquence, pour les élections générales de 2021, 18 listes présidentielles ont été enregistrées, dont 16 étaient conduites par des hommes et seulement deux femmes étaient candidates à la présidence. Pour lla vice-présidence, 16 femmes se sont présentées, ce qui a abouti à l'élection d'un homme comme président de la République et d'une femme comme vice-présidente. De même, pour le Congrès de la République, 2 572 candidats ont été enregistrés, dont 1 295 femmes, soit 50,3 % du nombre total de candidats, ce qui a permis d'élire 130 membres du Congrès, dont 47 femmes, soit 36,15 %.

 

Sur la base de ces chiffres, nous pouvons souligner une avancée importante dans l'aspect normatif qui favorise la participation des femmes, en encourageant l'accès aux postes élus par le peuple. Cependant, malgré l'accès à la fonction, les autorités féminines, comme dans le cas des vice-gouverneurs et des conseillers, se heurtent à des obstacles qui limitent l'exercice plein et effectif de leurs fonctions, tels que des situations de discrimination, des pratiques d'exclusion ou de restriction dans l'exercice de la fonction, des limitations de la participation à la prise de décision en matière de politique publique, le harcèlement politique, la discrimination en matière de rémunération et la violence psychologique. Par conséquent, il reste à promouvoir et à mettre en œuvre des actions concrètes de l'État afin de garantir aux femmes une vie sans violence et leur participation active à la prise de décision.

Un autre problème qui affecte la vie des femmes est la forte prévalence de la violence dans le pays. Selon le bureau du médiateur, au cours de 2021, 146 féminicides et 5 904 femmes disparues ont été enregistrés. L'augmentation de la violence est une conséquence de l'urgence sanitaire de la Covid-19 qui, en raison des mesures de quarantaine, a obligé les femmes à vivre avec leurs agresseurs à la maison.

Bien que l'État ait créé le "Système national de prévention, de répression et d'éradication de la violence à l'égard des femmes et des membres de la famille" et le sous-système de justice appelé "Système national spécialisé de justice pour la protection et la répression de la violence à l'égard des femmes et des membres de la famille" pour combattre la violence, les interventions ne se traduisent toujours pas par une réduction du taux de violence.

C'est pourquoi, pour faire face à ce problème, on a encouragé en 2021 la signature du "Pacte national de lutte contre la violence et la discrimination à l'égard des femmes et pour le plein exercice de leurs droits", qui établit les engagements de l'État et des organismes compétents pour renforcer les politiques de lutte contre la violence.

En ce sens, des progrès importants ont été réalisés ces dernières années en matière d'égalité des sexes, mais il existe encore des lacunes structurelles qui limitent le plein exercice des droits des femmes et une vie sans violence. L'État a l'obligation de faire davantage d'efforts pour garantir les droits fondamentaux des femmes en vue de leur plein exercice et de leur réalisation effective.

 

 

 


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