Du 1er au 3 décembre 2025, Dakar abritera un événement inédit dans l’histoire de la gouvernance territoriale au Sénégal et en Afrique de l’Ouest : le Premier Forum des Collectivités territoriales sur les migrations. Cette initiative est portée par l’Association des Départements du Sénégal (ADS), en collaboration avec l’Organisation des Régions Unies – Forum mondial des associations de régions (ORU Fogar).
Nous souhaitons que ce rendez-vous, avec la présence des régions provenant des quatre coins du monde, soit un moment de réflexion stratégique et d’action concertée, durant lequel l’ensemble des acteurs concernés seront réunis pour définir des actions concrètes face au défi des migrations, en particulier les migrations irrégulières, qui continuent de faucher des vies et d’appauvrir nos territoires. L’ambition du Forum est donc claire : faire émerger des solutions endogènes et durables aux défis migratoires.
Trop souvent, les politiques migratoires ont été pensées à partir des capitales ou des institutions internationales, sans réelle connexion avec les réalités vécues dans les territoires d’origine, de transit ou de retour. Or, ce sont bien les collectivités territoriales qui détiennent aujourd’hui une part décisive de la réponse.
Il ne s’agit plus, aujourd’hui, de dresser un simple constat. Les chiffres sont là, implacables. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 4 000 migrants africains ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée en 2024, dont une part importante venant d’Afrique de l’Ouest. Le Sénégal, malgré les efforts multiformes des pouvoirs publics et de la société civile, reste l’un des pays les plus touchés. Entre 2023 et 2025, des centaines de jeunes ont péri dans l’Atlantique, au large de nos côtes, dans des embarcations de fortune, fuyant souvent un avenir qu’ils jugent sans issue.
Face à cette tragédie, les collectivités territoriales ne peuvent rester en marge. Elles sont les premières à constater les départs massifs, à accueillir les familles endeuillées, à gérer les retours difficiles, mais aussi à subir l’impact économique et démographique de cette saignée silencieuse. Le Forum que nous proposons devra donc apporter une réponse urgente, structurée et enracinée dans nos réalités.
Nous voulons explorer, avec nos partenaires techniques, institutionnels et financiers, trois axes stratégiques : l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes, à travers la mobilisation des outils de développement territorial et la structuration des chaînes de valeur agricoles, artisanales ou numériques; l’investissement productif des diasporas, en renforçant l’attractivité des territoires ; la formation professionnelle et l’orientation, pour doter les jeunes d’opportunités concrètes, adaptées aux réalités économiques locales. Ce sont ainsi autant de leviers que les départements, communes et régions peuvent activer, s’ils sont soutenus et reconnus comme des acteurs de premier plan dans la gestion des migrations.
Ce Forum se veut également un appel solennel à la mobilisation de tous : aux élus locaux et regionaux, pour qu’ils fassent entendre leur voix et partagent leurs initiatives ; à l’État, pour qu’il consolide la décentralisation des politiques migratoires et reconnaisse les collectivités comme partenaires stratégiques ; à nos partenaires au développement, pour qu’ils investissent dans les projets structurants portés par les territoires ; aux organisations de la société civile et de la diaspora, pour qu’elles s’impliquent dans les solutions concrètes et locales ; aux jeunes eux-mêmes, enfin, pour qu’ils participent activement à la co-construction de leur avenir en Afrique.
Au-delà des panels et des discours, ce Forum débouchera sur un agenda d’actions locales concertées pour une gouvernance territoriale des migrations. Des projets pilotes seront identifiés, des partenariats signés, et une plateforme permanente de concertation entre collectivités sera mise en place. Car l’ambition des collectivités territoriales est bien de poursuivre dans la durée cet engagement, au-delà du Forum, en ancrant les réponses dans le long terme.
Les collectivités territoriales, parce qu’elles sont au cœur de la vie des citoyens, peuvent être les catalyseurs d’un changement profond dans la manière d’aborder les migrations. Ensemble, faisons de Dakar, en décembre 2025, le point de départ d’un nouveau pacte territorial pour des migrations humaines, sûres, ordonnées et porteuses de développement partagé.