Le Conseil départemental de Tivaouane, a lancé un programme novateur d’acculturation aux métiers du numérique, destiné aux jeunes et aux femmes des 18 communes du département. Cette initiative, inédite à l’échelle locale, se veut une réponse concrète des terroirs face au phénomène de l’émigration clandestine, mais aussi une alternative crédible à l’exode rural et à l’oisiveté des jeunes.
Nous avons constaté que malgré la présence d’industries comme les ICS (Industries Chimiques du Sénégal) et la minière GCO (Grande Côte Opérations), nos jeunes ne parviennent pas à y accéder, faute de formation qualifiante. Or, le numérique ouvre aujourd’hui des portes immenses, ici même au Sénégal et partout dans le monde.
Consciente que le coût élevé des formations constitue un frein, l’institution a pris l’engagement de financer directement ces programmes pour les jeunes, tout en organisant des sessions de proximité pour les femmes au sein de leurs collectivités. L’objectif est double : offrir des compétences adaptées au marché du travail et redonner espoir à une jeunesse tentée par les pirogues de l’Atlantique.
Pour nombre de jeunes, cette initiative représente un tournant. « Je voulais partir en Espagne, comme beaucoup de mes amis. Mais aujourd’hui, je crois que je peux réussir ici, avec le numérique », confie Mamadou, un participant de Meckhé.
Au-delà de l’insertion professionnelle, le programme ambitionne de créer un véritable écosystème numérique à Tivaouane. Il s’agit non seulement de préparer des techniciens capables de répondre aux besoins des industries locales, mais aussi de favoriser l’émergence d’entrepreneurs digitaux capables de développer des solutions adaptées aux réalités du territoire.
Je dois insister que le numérique n’est pas seulement un outil de formation, c’est aussi un moyen de fixer les jeunes dans leurs communes et de valoriser leurs talents au service du développement local.
L’expérience de Tivaouane pourrait d’ailleurs inspirer d’autres territoires. Le prochain Forum de Dakar, consacré aux enjeux de développement et d’inclusion, pourrait être une belle occasion de partager cette initiative et d’ouvrir un débat national sur le rôle des collectivités dans la lutte contre l’émigration clandestine.